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La trinité républicaine biscornue: contrainte, inéquité, corporatisme

Chère amie,

Je voulais te remercier encore une fois de m'avoir si gentiment reçue. J'aurais bien prolongé mon séjour d'une semaine, mais comme tu le sais je m'étais engagée de longue date à tenir un stand lors de cette vente de charité organisée par notre ancienne école. Les sœurs comptaient sur moi et j'aurais eu beaucoup de peine à leur faire défaut pour cette kermesse dont les fruits permettent d'entretenir le cloître et le jardin. Tu te souviens certainement de cette bonne vieille sœur Marie-Augustine qui nous grondait lorsque nous attachions mal nos tabliers ou lorsqu’elle nous surprenait en train de chiper des poires dans le verger. Eh bien, c’est elle qui tient les comptes des permanences pour les stands et à ses yeux, je crois que j’ai toujours huit ans. Hors de question de faillir à ma parole donc.

La France fait grand cas de ses représentants, car tu as une bien belle demeure et j'ai trouvé ton mari, bien que fort pris par ses obligations, très empressé de t'épargner le moindre effort. Il est vrai que, le terme approchant, tu dois te ménager tant et plus. J'espère que ma venue n'aura pas été pour toi source d'un trop grand tracas. L'aurais-je pu d'ailleurs que je ne serais sans doute pas restée davantage à cause de cela. Je sais bien que tu t'en défends mais, compte tenu de ton état, je ne me pardonnerais pas d'être involontairement la cause d'une fatigue supplémentaire.

A ma grande surprise, j'ai bien supporté le décalage horaire et j'affiche plutôt une bonne mine. Il faut dire que, dans ton pays, le soleil n'est pas avare de ses rayons et quoi de mieux qu’un bon teint pour masquer les désagréments du voyage. Pour te dire vrai, malgré tous ses atouts, ta contrée d'adoption ne vaut pas notre vieille Europe rhumatisante, et je redécouvre mon vieux Paris comme on retrouve le soir ses pantoufles laissées le matin au pied du lit. Y glisser ses pieds est un bonheur inépuisable, celui que l'on éprouve au contact des choses que l'on connaît et que l'on aime sans rien leur demander d'autre que d'être ce qu'elles sont. Etant un peu casanière, je laisse aux autres le goût de l’aventure. Rien ne me plaît plus qu’un salon, un feu de cheminée, un bon livre et quelques amis parfois pour converser autour d’un petit verre de vieux marc.

Quel drôle de pays tout de même que celui où tu vis ! Je n’en reviens toujours pas qu’on y puisse adopter des lois pour une partie seulement de la population à raison de son sexe ou de sa couleur. Comment appellent-ils cela déjà ? Des quotas ? Des discriminations positives ? Enfin, tout cela est relatif. Tu connais mon sentiment sur ces points. Le positif de celui qui en bénéficie est le négatif de celui qui n’en bénéficie pas ou de celui qui s'en voit écarté, car il n’a pas la bonne couleur ou le bon sexe indépendamment de ses mérites personnels. Finalement, au prétexte d’être juste pour quelques-uns, on érige l’injustice pour tous les autres en mode de gouvernement. Il y a là quelque perversité qui m’échappe et me fait sourire tant elle est la négation même du régime qu’il prétend être. Je suis critique il est vrai, mais je n’encense pas pour autant le système qui a cours ici.

Figure-toi qu’en France, pour ne pas avoir l’air de traiter différemment une communauté, il paraît plus simple d’appliquer à tous des mesures qui, objectivement, ne devraient concerner que quelques-uns. Ceux qui nous gouvernent n’ont aucun courage et sont prêts à toutes les concessions pour ne pas réveiller la colère des cerbères gardant le temple républicain des droits de l’homme.

Eclatement de l’intérêt général dans un cas, étirement à l’extrême de l’intérêt particulier dans l’autre. Les deux systèmes sont aussi insatisfaisants l’un que l’autre alors même qu’ils prétendent reposer sur le même principe d’égalité. Privilèges de ce côté-là de l’Atlantique, corporatismes de ce côté-ci. Pourquoi avoir coupé la tête d’un roi pour en arriver là ? Elles sont belles je te le dis ces républiques qui brassent du vide depuis plus de deux siècles en donnant à qui veut les entendre des leçons de démocratie à n’en plus finir !

L’histoire, je trouve, a beaucoup d’ironie, une ironie mordante. Encore un complot des anglais ? Voire...

Ton amie, une citoyenne facétieuse

F.E.

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Commentaires

  • Je ne vois pas bien le rapport avec la photo de Jean Seberg…

  • Déjà que je ne me sens pas à l'aise dans votre boudoir (un peu trop étroit [pour mes épaules]), si en plus vous causez patins et du temps qu'il est !

    D'ailleurs je n'aime pas les actrices en "erg", sauf Anita Ekberg.

  • Dîtes-moi Garenne, enlevez donc ce "De" qui fait tâche !
    Allez, je vous libère! Je n'aime les lapins qu'en liberté batifolant dans le thym et le serpolet...

  • Je vous rappelle que c'est vous qui m'avez anobli, Madame la Marquise, et prêté ce costume pour que je puisse pénétrer votre boudoir sans le déshonorer…
    Et maintenant on dirait que vous craignez le retour impromptu de votre marquis, tant pis. Qu'il vous coupe les vivre mais ne s'avise pas de me rosser ou de toucher à mes bourses, je suis assez chatouilleux de ce côté.

  • Chatouilleux de ce côté-là, tout le monde avait compris. Seriez-vous chatouilleux ailleurs ? Le Uhlan l'est du fourreau...

  • Pardon Garenne, il y a méprise. C'est la majuscule dont vous avez affublé votre "de" qui ne colle pas. En la matière, la noblesse ne perd rien à se parer de minuscule.

    Veuillez accepter mes excuses pour ce malentendu.

    Merci Cavalier mais, au fond, je crois le Lapin plus gentilhomme qu'il ne veut bien le montrer.

  • De Gaulle tenait beaucoup à cette minuscule, à cheval sur l'étiquette, comme souvent les bourgeois fraîchement auto-anoblis. Je ne suis pas de cette espèce ; mais disons plutôt Garenne, vous avez raison, c'est plus juste.

  • Ce qui m'amuse quand je vois ici la photo de Jean Seberg, c'est qu'elle a soutenu (et je crois que ça lui a causé bien des problèmes) la lutte contre la discrimination "négative" (!) aux Etats-Unis, et qu'elle était proche des Black Panthers... personne ne sait ce qu'elle penserait aujourd'hui de la discrimination positive, mais certains de ses compagnons de route des années 60 ont dû lutter pour ! Rien n'est jamais simple et tout se complique toujours.

    Moi je l'aime parce que quelqu'un que Romain Gary a aimé ne peut pas être complètement mauvais, et elle a une beauté tellement à l'opposé de la mienne (en qualité comme en quantité si je puis dire) qu'elle exerce sur moi une certaine fascination.

    Anita Ekberg, Lapin, ce sont les seins qui vous plaisent ? Excusez-moi, je suis directe, mais vous savez j'ai commencé ma carrière dans le cinéma léger... très léger (surtout de la cuisse).

  • Les hommes préfèrent les blondes à forte poitrine, c'est bien connu. Personnellement, j'ai un petit faible pour Jane Fonda dans Barbarella.

  • La blondeur pourtant ne fait rien à la dimension des seins... ou alors il faut nous expliquer la chose.

  • Mais je n'ai pas dit cela, relisez bien.

  • La rhétorique est comme un grand sabre de Uhlan : parfois tranchant, parfois on s'empêtre dedans.

  • Baronne, il m'est difficile de vous dire ce qui me plaît chez Anita. Subtilité de l'attrait d'un être pour un autre…
    Et pour ce qui est de votre cinéma, j'ai loupé "Ce soir les jupons volent", pardonnez-moi.

  • Bah, expert, moi ? qui a dit ça ?

  • Ça n'engage que vous, Ève… Et encore, je ne me rappelle pas vous avoir connue (bibliquement), ni même aperçue en tenue d'Adam.

  • Ta mémoire est plus courte que tes oreilles mon Lapin...

  • Au fond, que la définition de l'idéal féminin de l'homme passe par la blondeur et la forte poitrine est anecdotique et ne présente que peu d'intérêt. Aujourd'hui beaucoup de blondes ne sont pas blondes et beaucoup de poitrines ne sont que "silliconiquement" fortes ... tout est donc relatif et somme toute bien artificiel.
    Je suis en revanche beaucoup plus intriguée de la tendance apparue ces dernières années de mettre la blonde à toutes les sauces de la bêtise dans la plupart des plaisanteries de garçon de bain toutes droit issues de l'Almanach Vermot. Que symbolise la blonde si ce n'est le "caucasien" (je mets à dessein le terme entre guillemets) type ?
    Et je ne sais pas, mais tout à coup, à voir les choses sous cet angle, j'ai beaucoup moins envie de rire...

  • Je suis d'accord avec vous, Madame. Il y a un glissement possible de cette "blonde" vers une autre généralité, et c'est bien pire alors que les blagues s'attaquant directement aux uns ou aux autres (= blagues belges etc.), car tout cela est déguisé. C'est le principe de toute subversion. Et je ne ris pas non plus de ces choses dangereuses.

  • Balivernes, Mesdames, c'est plutôt que les hommes préfèrent les femmes point trop fines et douces et que les brunes ont l'air d'avoir du caractère.

    Ces ravissantes idiotes que sont Marilyn et Lana, sont brunes par en-dessous, blondies pour les besoins du cinéma, c'est-à-dire des hommes.

    Ces sarcasmes viennent pour moi des féministes et non des garçons de bain, des libre-penseuses de votre espèce.

  • Vous apprendrez Garenne, que je ne suis pas féministe pour deux sous. Détrompez-moi car j'ai la faiblesse de vous estimer trop fin pour mettre libre- pensée (au féminin) et féminisme dans le même sac (avec un poids à jeter dans la Seine bien entendu!). Pour le reste, je vois réellement dans les blagues anti blondes quelque chose de beaucoup plus malsain que ce que certains naïfs voudraient nous faire gober.

  • Tout doux Lapin! Ne monte pas sur tes grandes oreilles s'il te plait (et laisse au Uhlan ses grands chevaux). Tu aurais du écrire, sinon penser "libre-penseuses de votre sexe", et non de notre espèce... Je n'ai pas l'impression que Madame et moi soyons de cette espèce dont tu parles. Et notre sexe, nous ne l'avons pas choisi - n'est-ce pas Madame ?

  • Chère Eve, laissons Garenne se friser les moustaches dans son coin (oui, un lapin a des moustaches aussi)... car je soupçonne notre Bel-ami en train de se gausser derrière son écran tout en se tapant la cuisse de nous voir si vite tomber dans son terrier oups, piège.

    Feignons donc de ne point voir clair dans ses charmantes galipettes lapinesque.

  • Et puis, je suis une vraie blonde, Garenne.

  • Ah mais non, je suis sincère habituellement, conil et point goupil, partisan de ne point laisser les femmes penser librement.

    S'il vous faut un galant, sonnez votre Uhlan.
    Je suis, Mesdames, votre serviteur peu empressé, permettez-moi de me retirer.

  • Eh bien ! que de généralités "les hommes aiment les blondes aux gros seins", "les féministes ceci", "les femmes cela" ! Je ne suis donc d'accord avec rien de tout ce que vous dites (bien que j'aie joué aussi dans "les hommes ne pensent qu'à ça" et "une ravissante idiote", ce n'est pas moi qui ai choisi les titres ; remarquez toutefois le progrès du second par rapport au premier, on est passé du général au particulier).

    Et si Monsieur Lapin je vous pardonne de préférer Fellini et Ekberg aux navets français de la même époque où je suis quelquefois apparue (c'est le contraire que je ne vous pardonnerais pas), vos méchancetés du dernier commentaire s'accordent fort mal au pelage doux et chaud du conil dont vous vous réclamez.

  • Ma modeste expérience m'a appris que les femmes, souvent, prennent pour de la méchanceté ce qui n'est que de la sincérité, étrange matière.

    Sur ce je me retire vraiment, Baronne, ou on va croire que je m'incruste.

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