Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Premier tableau : Au commencement…

A la nuit tombée, elle quitta comme un automate la bergère dans laquelle elle était lovée, se dirigea vers la fenêtre et posa son front brûlant contre le carreau glacé.

 

"Déjà une journée !" pensa t-elle dans un soupir. Une journée que son amie était partie, une journée sans dire un mot ou presque, à compter les heures et à masquer sa peine. Les semaines précédentes étaient passées dans un tourbillon. Il y avait tant à faire et à préparer. Ensemble, elles avaient choisi les malles du voyage et couru les ateliers pour être sûres que Charlotte emporterait toutes les robes à la dernière mode de Paris. Elles avaient fait une dernière promenade au Bois riant comme deux jeunes filles échappées de leur couvent, elles avaient assisté au dîner que B donnait en l’honneur de l’amie sur le départ, elles avaient échafaudé mille projets de retrouvailles, rendu toutes les visites de convenances, et puis le dernier matin était arrivé.

C’était un de ces petits matins de novembre où des milliers de gouttelettes de brouillard tiennent en échec les timides avances faites au jour par un soleil en deuil des chaleurs passées. Un matin triste et froid où les arbres brandissent vers le ciel leurs branches dénudées, lançant à l’hiver le défi muet de leur renaissance prochaine. Ce temps lui plut, il était au diapason de son âme triste. Les sentiments ont parfois besoin de mise en scène et elle aurait vu une insulte des cieux dans un soleil trop franc. Elle s’était levée tôt et avait congédié sa femme de chambre trop empressée et bavarde. Personne ne devait la voir pleurer. Pas même son amie et surtout pas ses gens. Elle étouffa un dernier sanglot et descendit lentement le grand escalier. Charlotte l’attendait sur les marches du perron, les joues rougies par le froid, mais les yeux un peu trop brillants. Les deux amies se donnèrent une longue accolade sans échanger une parole et Charlotte monta dans la voiture. Elle fit à son amie la grâce de ne pas se retourner. L’équipage avait depuis longtemps quitté le paysage quand Françoise Elisabeth se décida à rentrer.

 

Le contact avec le carreau glacé la fit tressauter. Elle remonta machinalement une mèche dans sa coiffe, chassa de sa main une invisible poussière sur sa robe et aspira une longue bouffée d’air. Elle se dirigea à pas lent vers son petit bureau face à la fenêtre, s’assit et prit sa plume.

Tous droits réservés, reproduction interdite

Commentaires

  • L'ablution a eu lieu, mais non encore l'offrande. Pleins de confiance, ils lèvent les yeux vers lui. Contemplation de la lumière du royaume, contemplation de ma vie, l'homme noble est sans tache. Extrait du livre des transformations, affectueusement...

  • Mais où donc les belles italiques, qui comptaient pour partie dans la grâce de ce salon, sont elles passées?

  • Les belles italiques ont disparu en effet... Serait-ce le début de la correspondance ou du roman de Madame de*** ? Car à force de faire d'elle un personnage romanesque, il se pourrait bien qu'elle fût devenue un personnage de roman...

  • Des menaces ? Regagnez donc votre planète triste sire, ici on est sur Terre et nos roses sont bien gardées.

  • "elle quitta comme un automate la bergère dans laquelle elle était lovée"

    Un incipit très licencieux, je trouve. Madame de *** s'est-elle reconvertie dans le roman érotique ?

  • A mon humble avis, Sebastien vous etes à mille lieux de l'esprit de ce texte, ou vous le faites exprés ou vous etes la proie d'une montée d'hormones innapropriées en ces circonstances. Il est question de coeur et d'amitié et puis tout le monde sait bien qu'une bergère sert à réver et que parfois quand le réve est intense le corps s'en trouve momentanement engourdi, trop delicat pour vous mon cher...

  • Mais oui ! Ne confondez pas les bergères et les fauteuils en rotin enfin !

    Toutefois je serais intéressée par l'avis d'un prince charmant authentique : rêve-t-on bien dans une bergère ?

    Pour le reste ma chère, on brûle (et pas que du front) de lire la suite, mais cela risque d'être insoutenable !

  • Un bonheur insoutenable ? : " comme des pois dans leur gouss ! "

  • Hic taceat omnis lingua.

  • Veni, vidi, vici. Insert coin please, Sebastien-butor ? : Game over !

  • Tiens, le ouistiti de Madame de ***. Elle t'a pourtant dit de ne pas balancer des cacahuètes sur les invités. On est vraiment mal reçu ici, sans compter que la maîtresse de maison prend la mouche pour un rien. J'ai dû blesser son amour-propre.

  • L'extra-balle, mon cher, est l'ancètre du sabre magique sur internet, trop martial pour vous, hors de portée, retournez donc dans votre zoo. Je ne vous salue pas petit monsieur ? (du sexe fort ?)

  • Pardonnez mon ironie déplacée, chère Madame de ***. Mais vous avez tort de croire que je n'en use qu'en ces lieux. Vous ne connaissez pas tous les endroits où je me manifeste, sinon vous ne ressentiriez pas ce sentiment d'injustice, comme si j'avais une dent contre vous.

  • Toutes mes excuses, Madame, un accés de paranoia sans doute, je suis confus de m'etre senti visé, cela ne se reproduira pas.

  • Quelque soit le temps quelque soit le lieu, l'electricité brille pour tout le monde et pas seulement pour quelques privilegiés . Quel temps fait il dans ce salon?ou sommes nous ?

  • Mal à la tète marie antoinette ? Une aspirine une bonne nuit de sommeil et a votre age, demain à l'aube il n'y paraitra plus.

  • Vos amies vous rendant visite n'y comprennent pas non plus grand chose, chère Madame !...

  • Je crois qu'il faut me rendre à l'évidence : ce boudoir est hanté...

  • C'est possible, d'autant que ces spectres semblent avoir un accent et une orthographe floue. Mais un bon exorciste devrait pouvoir arranger cela. N'en avez vous pas un dans votre paroisse ?

  • Puis je me rendre utile ?

  • Vous vous y connaissez en exorcisme ?

  • He was big and strong, in his eyes a flaming glow
    Most people looked at him with terror and with fear
    But to Moscow chicks he was such a lovely dear
    He could preach the bible like a preacher
    Full of ecstacy and fire
    But he also was the kind of teacher
    Women would desire ...
    No doubt this Rasputin had lots of hidden charms
    Though he was a brute they just fell into his arms
    ...
    Ra ra rasputin
    Lover of the Russian queen ,
    Russia's craziest love machine, ARE YOU THERE ?

    (Oh, those Russians... )

  • On reprend le refrain en choeur Nadine ?

    "Ra ra rasputin
    Lover of the Russian queen ,
    Russia's craziest love machine"

    Ah, je ne vous imaginais pas aussi disco!!!

  • Quand les commentaires tournent au n'importe quoi, et qu'en plus ils sont hermétiques au commun des mortels, je préfère le joyeux n'importe quoi de la variétoche, fût-elle disco, qu'au moins tout le monde connaît, fût-ce pour le mépriser.

    Du reste je ne suis pas quelqu'un de sérieux, hélas pour moi-même.

    (quand même, quel homme ce Rasputin vu par Boney M. ! Guru, y'a pas, c'est un métier sexy, plus que pompier je dirais)

Les commentaires sont fermés.