Le déshabillé de soie glissa le long de son corps révélant sa nudité. Elle entra dans le bain sans attendre et, s’abandonnant à sa chaleur, elle ferma les yeux. Ses lèvres charnues esquissaient un petit sourire de contentement. Depuis l’enfance l’eau chaude était son refuge. Elle s’y purgeait de toutes les impuretés de la vie et dans la moiteur de sa salle de bain, tout se diluait toujours du plus petit tracas au plus lourd des secrets. A la lueur des bougies qu’elle avait allumées, son corps ferme prenait un teint mordoré et les ombres dansantes de la pièce venaient mourir dans un dernier jeu de lumière sur son épaule ronde. Au creux de sa gorge, sa croix en or, l’unique bijou que toujours elle portait, se soulevait doucement au rythme de sa respiration.
Elle s’était endormie caressée par l’eau et bercée par le silence.

Elle enfila sa paire de bas mais laissa de côté le corset qu’elle ne supportait plus. Elle se glissa avec souplesse dans sa robe de crêpe noir sans manche et frangée des genoux aux mollets puis elle chaussa ses escarpins à hauts talons. Elle souligna son regard noir d’un trait de khôl et habilla ses longs cils d’un peu de rimmel. Elle hésita un instant entre son parfum lourd et capiteux et son eau de toilette fleurie. Elle choisit le premier dont elle se mit quelques gouttes derrière les oreilles et au creux des seins. Elle observa sans complaisance son reflet dans la psyché. D’un geste, elle remonta ses cheveux en chignon. Insatisfaite, elle les relâcha les laissant libres sur ses épaules. Mécontente encore, elle se rassit à sa coiffeuse interrogeant son miroir à trois faces. Son regard qui s’égarait dans la pièce accrocha la paire de ciseaux à papier posée sur le bureau. Elle se leva, les attrapa et sans plus réfléchir, coupa ses cheveux. Françoise Elisabeth secoua sa tête devenue légère et éclata d’un rire cristallin. Elle pouvait enfin se rendre à ce déjeuner. Elle était prête.
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