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Deuxième tableau : l'attente

Elle arpentait son salon de long en large d'un pas rapide. Seuls les craquements sourds du parquet rompaient le silence de la pièce. Entre ses mains un mouchoir de fine baptiste malmené par des doigts fébriles finissait d’agoniser.
S’arrêtant un instant à la fenêtre, elle écarta d’un geste brusque l’épaisse tenture de velours vert, puis la laissa retomber lourdement. L’horloge qui sonna les six heures la fit sursauter. Elle s’immobilisa de nouveau, poussa un bref soupir, puis reprit sa marche mécanique. Croisant son propre regard dans le miroir, elle se figea et scruta avec sévérité le reflet tourmenté qu’elle voyait. Le timide sourire qu’elle lui adressa fut aussitôt suivi d’un haussement d’épaule sans complaisance et la longue silhouette vêtue de rouge reprit sa course.
La sensation d’étouffement qu’elle réprimait depuis le matin la submergea subitement. Elle ouvrit d’un geste sec la porte de la pièce qu’elle avait tenue close le jour durant, traversa l’antichambre sans un regard pour le valet qui s’y tenait et se dirigea d’un pas de plus en plus vif vers la grande porte d’entrée. Elle courait presque lorsqu’elle atteignit les marches du perron qu’elle dévala plus qu’elle ne le descendit.
Le froid sec et piquant se jeta sur elle et telle une sangsue affamée aspira d’une traite toute la chaleur nerveuse qu’elle renfermait. Bientôt un frisson lui parcourut l’échine et elle se frotta les bras de ses mains déjà engourdies. Le souffle raccourci par sa fuite puis par sa lutte contre le froid, elle se contint, se forçant même à parcourir le plus lentement possible l’allée bordée de platanes. Parvenue au portail, elle grelottait sans retenue. D'un regard, embué par les morsures du froid, elle embrassa la large allée, les arbres nus et la maison au loin. Un miaulement la tira de sa rêverie contemplative. Elle attrapa l’animal. Son pelage dégageait une douce chaleur, elle y enfouit le visage comme pour aspirer toute l’énergie contenue dans cette petite boule de poils pleine de vie. D’un geste brusque et dans un feulement, le félin coupa court à l’étreinte et détala dans l’allée pour se perdre en un instant dans la confusion nocturne. Sortant de sa torpeur, Françoise-Elisabeth se mit à courir à son tour vers la maison. Dans l’entrée, posée sur une coupelle d’argent, une lettre était posée ; celle qu’elle avait tant attendue.

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Commentaires

  • La lettre, oui bien sur, mais le sceau etait il le bon ? Ah ! tres chère, on brule de savoir ...

  • Françoise-Elisabeth, votre lettre lue, Nadine et moi nous invitons dans la colonne de commentaires pour y danser le disco. Cela vous fera du bien, ces émotions et puis ce froid vont vous fatiguer les nerfs : venez, venez, c'est Nadine qui est au karaoké ! Et vous pouvez vous joindre à nous pony, si vous voulez.

  • Ne comptez pas sur moi Mesdames pour abonder dans vos frivolités écervelées, une lettre de cachet est une affaire serieuse voyons, la raison de l'état est peut etre en danger, nos vies sont suspendues à ce que vous lirez Madame, tout est entre vos mains...

  • Vous savez, visiteur multiforme, F.E. attendait juste une lettre de son amie. Point de lettre de cachet donc.

  • Multiforme sans doute, mais Unicorne à jamais pour veiller sur notre beau pays de France, fausse alerte, je retourne à mon rève...

  • Flicka était une jument ce me semble ? Pas une Licorne.

  • Hèlas, Madame, les chevaux sont plus mortels que nous, ils nous quittent en general avant l'age de trente ans. Souvenirs de mon enfance...

  • Le vent parfois l'hiver se charge d'ondes sombres qui glacent jusqu'au coeur et font trembler les arbres, les pierres dans lande et mème les murs des plus anciens chateaux. Il faut alors attendre auprés du feu qui danse, avec des mots d'amis...

  • Danielle, j'aime cette fausse prose pleine d'alexandrins !
    (Bon, si j'étais difficile, mais vraiment difficile, je vous dirais que le "feu qui danse" est un peu trop cliché, mais finalement cet hiver qui fend les pierres aussi, alors... et puis moi je ne sais pas écrire comme ça alors je m'incline).

  • Ne vous inclinez pas trop ma Chère, c'est mauvais pour le dos.

  • "Tenture de velours vert" et "silhouette vêtue de rouge" : nous voilà passé en plein Ier Empire, Madame !

  • Peut-être bien Gauthier, peut-être bien... Je ne maîtrise pas toutes les promenades de ma plume vous savez...

  • Vous avez raison Nadine, mais existe t il un synonyme du verbe danser ? Le feu réchauffe et protége, mais il éclaire aussi contrairement au poele, se sont les flammes qui dansent en entrainant la piece et tout ce qu'on y voit dans leur imprévisible farandole. Merci de m'aider à préciser mes pensèes. La flamme de la chandelle a un statut plus stable...

  • "I took the time to write to my old friend" A foreign télegram for you my dear F.E. So long...

  • On va attendre encore longtemps, Madame ? Parce que moi je commence à avoir des crampes…

  • Voilà, voilà Monsieur, j'arrive.

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