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Si vis pacem, para bellum...

medium_22m.jpgChère Amie,

 

Qu’est-ce donc que ces nouvelles épouvantables que vous me donnez là ? Je sens tant de résignation dans vos lignes que j’en suis toute retournée !

 

Eh quoi ? L’église de votre bourg a brûlé et vous auriez voulu que les coupables ne fussent point punis ? Et pour quelles raisons je vous prie ? Pour éviter que ne soit publiquement flétrie la réputation des saisonniers qui viennent aider vos gens aux champs ? De grâce mon amie, reprenez-vous ! Que craigniez-vous au juste ? Vous avez le droit de votre côté ce me semble - alors, usez-en ! Vous me confiez vos craintes de représailles, de contagion, d’embuscade - fichtre que ces mots sont laids sous votre plume !

 

Je vous croyais en villégiature à la campagne, accompagnant votre époux dans sa sinécure, et je vous découvre en campagne usant de termes guerriers ! Les faits que vous me décrivez sont graves et doivent être punis. Les abords de notre capitale ont connus de tels évènements il y a peu et la riposte de nos gens d’armes n’a pas été assez ferme, j’en ai bien peur. Sinon comment expliquer les soubresauts qui agitent maintenant nos provinces ?

 

Il fallait frapper vite et fort. Au lieu de cela nous avons assisté à une sorte de mea culpa collectif insipide et creux. Certains beaux esprits théorisaient sur la responsabilité de la cité qui n’aurait pas su se montrer assez accueillante, ouverte et tolérante envers ces mauvais bougres venus d’on ne sait où et glorifiant je ne sais quel dieu. Aujourd’hui encore, malgré la multiplication de faits identiques à celui que vous me rapportez, on nous dit qu’il ne faut pas les tenir aux portes de la ville, mais leur ouvrir nos porches, leur donner du travail, leur offrir le gîte et le couvert. On nous interdit même de les juger sur des mines qu’ils ont mauvaises la plupart du temps. Il circule des libelles contre une police qui ne fait plus peur et dont on se joue même.

 

Je vous le redis mon amie, il aurait fallu frapper fort. J’ai crainte que la peur n’ait changé de camp. Pour n’avoir pas su embastiller à temps quelques fauteurs de troubles, c’est la France entière que l’on tient sous le joug d’une tyrannie diffuse, mais bien réelle : celle des bons sentiments ; des bons sentiments qui dégoulinent d’une naïveté qui nous conduira à notre perte. Quand je lis vos scrupules, je me dis que la roue est en marche. Je refuse cette fatalité. Dans cette affaire mon amie, c’est la légiste qui vous parle. La chrétienne, quant à elle, n’a plus que la prière !

 

Votre FE

 

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Commentaires

  • Ma très chère
    Il est dit dans mon beau pays que l'on ne réveille pas un bébé pour lui donner à boire.
    Prions!

  • Et dans le mien, mon amie, on dit qu'il faut savoir jeter le bébé avec l'eau du bain, surtout quand la baignoire déborde...
    Je vous trouve bien fataliste.

  • Ce n'est pas du fatalisme, c'est il me semble de la sagesse. On ne fait pas le bonheur d'un peuple contre sa volonté.

  • La sagesse n'est, ni faiblesse, ni scrupules...
    Si vis pacem, para bellum

  • Je vois ce que vous voulez dire Madame.

    Vous conviendrez toutefois avec moi que les actes de violence auxquels nous assistons accompagnés de leurs lots de dégradations matérielles sont très loin de faire le bonheur du petit peuple qui en est la plupart du temps victime.

    Réprimer de tels agissements, c'est un peu garantir le bonheur du peuple. Un petit bonheur bien matériel certes, mais un bonheur tout de même pour celui qui n'a que peu de bien.

    Sauf à considérer bien sûr que la victime, préfèrant finalement être victime, n'en vienne à contester toutes les tentatives faites au nom de l'ordre public pour qu'elle obtienne réparation...

    Evidemment en ce cas ...

  • Je ne saurais trop vous recommander de ne pas abuser de la télévision, Madame. C'est un prisme déformant. Qu'est-ce que quelques carrosses qui brûlent à côté des malheurs que notre pays a connus ? À côté de Cartouche ?
    Avouez que le style Pompidou n'est pas le style Louis XV, et que vous-même peut-être, si vous étiez dans des meubles aussi laids, vous auriez envie de les brûler.

    Vous me feriez injure en me prenant pour un démagogue, Madame. Non, je crois comme vous qu'il faut châtier, au contraire, mais plutôt cette aristocratie parisienne parasite qui fait circuler des petits libelles, mange à tous les râteliers et ne veux surtout pas qu'on la déloge de ses privilèges. Ce n'est pas si difficile de mater l'aristocratie. Les mémorialistes enseignent sa principale caractéristique : la veulerie. Il faut leur faire peur, intenter des procès à ces irresponsables lorsqu'ils mentent, les muter en Corse ou à Tahiti lorsqu'ils font semblant d'être indépendants.

  • En bonne disciple de Joseph de Maistre Madame des Charbinières pense que "tout est mal " et elle a raison.

  • Evidemment Garenne ! Cela va de soi mais mieux en le disant n'est-ce pas ? Je vois que vous avez parfaitement décrypté le "on" de mon petit billet ... Ce fatras de journaleux de quatre sous, de pseudo intellectuels, de politicards sans scrupules et j'en passe qui nous donnent de grandes leçons sur le sens du monde et de la vie sans être jamais sortis de leur VIIème arrondissement ... Mais je serais moins indulgente que vous ... la Corse et Tahiti vous dites ? Mais c'est qu'ils seraient capables d'apprécier leur sort, eux ! Non, ce qu'il faut c'est former des paires dos à dos : un intello/un délinquant et zou ... tout ce beau monde à la Seine lesté de quelques-uns des pavés parisiens...

    Tout est mal, Ordet, et oui. Et donc ? Maistre nous condamnerait-il à la contemplation ?

  • Amusante, ma chère, votre proposition d'envoyer des binômes de zozos et de bobos dans la Seine. Amusante, mais guère réaliste. La prière, je le crains, n'y suffira pas. Sinon le goupillon, le sabre alors ? Nos gouvernants n'en ont pas le courage... Nous voici mal partis, ma chère ! Très mal partis...

  • Reprenez-vous, Uhlan, ce n'est pas là le langage d'un soldat - et devant des dames, en plus, qui m'ont l'air d'être assez fragiles.

    Je vous assure que j'ai vu une voiture brûler récemment et que c'est très beau. Quand ces marauds se décideront-ils à aller incendier les voitures des bourgeois au bord de la Seine ? Quel spectacle ce serait ! (très bon sujet pour une post-turnerienne comme la Charbinières)

  • "si le coeur ne contemple pas , l'oeil ne verra pas " Maître Eckhart .
    Pouvez-vous remettre à M. de Lapinos ce modeste poème écrit par mon amie Chantal de Guerre.
    Merci très chère et à bientôt

    Pour Lapinos

    Dans la forêt de l'automne
    Ce matin est arrivée
    Une chose que personne
    N'aurait pu imaginer
    Au bois de Morte Fontaine
    Où vont à morte saison
    Tous les chasseurs de la plaine
    C'est une révolution, car,

    {Refrain:}
    Ce matin un lapin
    A tué un chasseur
    C'était un lapin qui
    C'était un lapin qui
    Ce matin un lapin
    A tué un chasseur
    C'était un lapin qui
    Avait un fusil

    Ils crièrent à l'injustice
    Ils crièrent à l'assassin
    Comme si c'était justice
    Quand ils tuaient les lapins
    Et puis devant la mitraille
    Venue de tous les fourrés
    Abandonnant la bataille
    Les chasseurs se sont sauvés, car,
    {au Refrain}

    Bien sûr ce n'est qu'une histoire
    Inventée pour la chanson
    Mais chantons-leur cette histoire
    Quand les chasseurs reviendront
    Et s'ils se mettent en colère
    Appuyés sur leurs fusils
    Tout ce que nous pouvons faire
    C'est de s'en moquer ainsi :
    {au Refrain}

    Ce matin un lapin
    A tué un chasseur
    C'était un lapin qui
    Avait un fusil

  • La peste soit de ce maître Eckhart et de tous ces philosophes allemands nombrilistes !

  • Chère amie,
    J'ai ouï tantôt dans ma cuisine (hélas ! vous devinerez sans peine ce qui m'y tenait occupée) une amusante lettre au roi Louis Treize. Je ne saurais vous la faire lire, mais vous pouvez l'entendre si vous suivez le chemin de ma signature et faites clicque sur "la chronique de JL Ezine". Elle m'a fait sourire et penser à vous ; il faut avouer que ces deux choses-là vont bien ensemble.

    Je suis tout à fait à côté de votre débat, mais du fond de mes champs je comprends fort mal ces événements qui troublent si fort notre pays. Ici comme chaque année les feuilles roussissent et tombent, la brume s'installe. Les deux chèvres du père G. se trouvent pleines, et leur bouc est encore tout ému de son exploit : en bon mâle il fête la bonne espérance en piétinant aveuglément la pauvre basse-cour qui l'entoure et en courant droit sur tout ce qui se meut à l'entour, maître y compris. Le pauvre vieil homme n'est pas loin de vouloir se débarrasser de la bête. Voilà, ma chère, les mouvements qui agitent mon village ces jours-ci ! Enfin quand on y pense un instant, de ce mâle stupide, puant et barbichu aux drôles qui brûlent carrosses et édifices, le chemin ne doit pas être bien long.

    Pompidou, ce n'était pas une fameuse maîtresse du roi Louis Quinze ? C'est ce qu'on dit par ici pourtant, et qu'elle aurait inventé le Cacolac.

  • Merci très chère Nadine de nous ramener aux bonnes vieilles valeurs terriennes à côté desquelles tant de choses paraissent vaines...

    Isabelle, j'admire votre esprit de synthèse mais j'ai crainte que cette musique que vous nous donnez à entendre n'irrite par trop les oreilles fort longues et fort délicates du sieur Garenne du Terrier... Je vous sens d'humeur querelleuse mon amie.

  • Non point ma chère...
    Ce M. de Garenne du Terrier a de l'esprit et ma foi son humeur taquine me sied à merveille!
    Bien à vous!


    Diantre, M. de Garenne, préfèreriez-vous la pure clarté de nos sous-bois français, aux sombres brumes des forêts germaniques? Il est vrai que la pensée y est plus claire, et le jugement sans doute bien plus équilibré...Toutefois que de belles architectures spirituelles, parfois, chez ces rudes germains: Boehme, Tauler, Suso...
    dis-je en regardant pour la xème fois le Testament du Docteur mabuse !
    http://www.deutscher-tonfilm.de/ltddm1-1.gif

    et surtout en écoutant la bande son extraordinaire de Hans Erdmann und Walter Sieber
    Bonne nuit à tous

  • ... et Silesius. Mais notre lapin, qui sait être germaniste à ses heures, préfère jouer au vieux germanophobe. Cela fait partie de sa panoplie comme l'anglophobie dans celle des marins.

  • Ce n’est pas important, Le Uhlan, vraiment. Pour accéder aux sous-bois, les sentiers sont multiples! N'est-ce pas!

  • Quoi madame vous vous souciez de châtier ces facheux?
    Pensez vous que notre Fouché de pacotille, aussi hystérique que velléitaire s'en soucie lui?
    Enfin.. j'en connais qui, depuis leurs terres bretonnes applaudissent à grand bruit ... tant pis!

  • Je vous applaudis pour votre critique. c'est un vrai travail d'écriture. Continuez .

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