Ma chère amie,
Il se donnait hier soir une petite représentation théâtrale chez l’une des relations de notre amie B. Comme elle ne souhaitait pas s’y rendre seule, je l’y ai très volontiers accompagnée. Nous avons passé une soirée fort amusante même si la pièce en elle-même ne présentait pas grand intérêt : texte très inégal, acteurs de second ordre, costumes rapiécés. Tout cela sentait un peu trop l’économie et la satire est tombée à plat.
Quand on veut donner dans le clinquant, il faut y mettre les moyens. Je dois à la vérité de reconnaître quelques bonnes formules auxquelles nous avons ri de bon cœur même si Monsieur Molière, lui, les aurait sans doute rayées d’un trait de plume. Nous avons retrouvé là bas quelques amis avec lesquels nous sommes convenus de nous retrouver plus tard pour médianoche.
B. toujours à l’affût des nouveaux talents, a souhaité convier l’auteur à cette petite soirée impromptue. Le pétillant était dans nos verres et point ailleurs tant ce jeune homme s’est montré terne dans sa mise et lent dans les réparties. Vous connaissez notre petite compagnie : les hommes y ont le verbe haut et les femmes, ma foi, ne s’en laissent pas conter. Notre jeune auteur en a été pour ses frais je crois. Il me paraît toujours risqué de juger une société sur l’image partielle qu’elle donne d’elle à un moment donné.
Le théâtre n’est pas là où l’on pense qu’il est et la pièce qui se joue n’est pas toujours achevée au tombé du rideau.
Votre FE
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